2004 Crédit Yann Coves |
2005 Crédit Loïc Vizzini |
2008 Crédit Aurélie Grimaldi |
2008 Crédit Aurélie Grimaldi |
2012 Crédit Alexandra Willermin |
Il sera enterré ce lundi 11 avril à 14h30 au cimetière d’Ambleville, en région parisienne.
Voici ce qu'écrit Rosita Boisseau dans Le Monde :
Visage dessiné, regard clair, présence nette, la tension généreuse qui émanait du danseur et chorégraphe Fabrice Dugied signait son engagement avec son art : amoureux, bienveillant, militant. Egalement associé à la programmation-danse du studio Le Regard du Cygne, à Paris, cette personnalité de la scène chorégraphique depuis le début des années 1980 est mort d’une crise cardiaque le 4 avril, à Ambleville ( Val d’Oise ), où il vivait. Il avait 53 ans.
Né le 30 septembre 1963, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Fabrice Dugied plonge dès l’enfance dans ce qui deviendra sa passion grâce à sa mère, Lise Brunel (1922-2011), figure de la danse, journaliste, historienne et critique. Dès 1975, il prend ses premiers cours avec Suzon Holzer puis engrange toutes les techniques, de celle d’Alwin Nikolais et Merce Cunningham à celle de Trisha Brown. Il pratique ensuite le Tai Chi et la danse d’expression africaine avec la figure emblématique Elsa Wolliaston. Il enseigne et crée ses spectacles dès 1984 tout en devenant le complice d’Amy Swanson au Regard du Cygne, joli studio-laboratoire situé sur les hauts de Belleville. « Il était très attentif à l’écriture de la danse et aimait prendre des risques, raconte Amy Swanson. C’était un dénicheur de talents, un passeur d’histoires de la danse contemporaine mais aussi un chorégraphe et danseur singulier. »
Drôle parfois, douloureux souvent.
Artiste atypique, Fabrice Dugied se démarquait des autoroutes de la production. En 1998, son trio A l’incandescence revendiquait une esthétique hystéro-foutraque bouillonnante de rage et d’énergie. En 2006, au Regard du Cygne, il se lançait sans filet autre que sa sincérité dans un solo autobiographique La Déconstruction du Lego. Drôle parfois, douloureux souvent, il traçait la vie « d’un homme adulte pas du tout dans la norme ». Equipé de quelques accessoires – un pyjama, une perruque –, avec pour complice Amy Swanson, Fabrice Dugied livrait son passé entre pudeur et exhibition.
Sur un autre ton, parallèlement à ses créations – au nombre d’une vingtaine –, il se posait en vigie de l’histoire de la danse et de sa transmission. Souvenir aigu de son opération Mémoire Vive, inaugurée en 2001. Concept ambitieux, réalisation solide, cible atteinte. Autour de trois acteurs majeurs de la danse française qu’ont été Jerome Andrews (1908-1992), Jacqueline Robinson (1922-2000) et Karin Waehner (1926-1999), Fabrice Dugied avait monté un programme-manifeste passionnant de reconstructions de spectacles avec une trentaine de danseurs et chorégraphes héritiers. Contre l’amnésie d’un art éphémère et la péremption ultra-rapide de la danse, trois programmes déployaient une fresque de pièces permettant de se faire une idée relativement aigüe du style de chaque chorégraphe. Une page de mémoire inscrite dans les corps qui rayonnait d’intelligence du mouvement.
« Rituel de paix et de renouveau »
En 2013, il lance à Paris la Planetary Dance, performance participative imaginée par la chorégraphe américaine Anna Halprin en 1987, à San Francisco. Organisé chaque année en juin, dans différents pays du monde, ce « rituel de paix et de renouveau », selon la formule d’Halprin, a lieu grâce à lui pour la première fois dans neuf villes de France, dont Paris. Au Jardin de Reuilly, souvenir joyeux, au milieu des nappes de pique-nique, des trois cercles concentriques de professionnels et d’amateurs gambadant soutenus par un groupe de percussionnistes.
En 2015, Fabrice Dugied rendait hommage à sa mère et à son travail de journaliste avec La Collection Lise B., pièce-installation documentaire, basée sur les articles et autres témoignages recueillis de 1958 à 1998 par Lise Brunel pour le Matin de Paris ou Politis. Après avoir arrêté de chorégraphier pendant une dizaine d’années, Dugied renouait avec le geste et le plateau. Pour « partager avec le plus grand nombre de spectateurs possibles », il avait ordonné articles, photos, enregistrements et bâti un spectacle-exposition nourri de témoignages.
Fabrice Dugied venait de chorégraphier un impromptu qu’il devait danser les 7 et 8 avril au Regard du Cygne. Son équipe a maintenu les dates de représentations pour rendre hommage à celui qui avait foi dans « la danse avant tout, le corps dans l’espace et le temps, l’ivresse du mouvement et le ralentissement du temps ».
Journaliste au Monde"
Merci Rosita pour ce portrait qui rend hommage à Fabrice !
Au-revoir Fabrice.
Ta douceur, ta générosité, ton humour délicat, ton caractère ferme et résolu lorsqu'il s'agissait de défendre la danse contemporaine et une certaine idée de l'écriture chorégraphique, ton brin de folie et ton sourire vont nous manquer dans la profession.
Ta douceur, ta générosité, ton humour délicat, ton caractère ferme et résolu lorsqu'il s'agissait de défendre la danse contemporaine et une certaine idée de l'écriture chorégraphique, ton brin de folie et ton sourire vont nous manquer dans la profession.
Nos pensées chaleureuses à tous tes proches.
Valérie Gros-Dubois
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