Exposition : Danse Ta vie ! Interview des photographes Frédérique Calloch et Duc Truong


Depuis ces 12 dernières années, beaucoup de photographes ont évolué sur l’événement Entrez dans la danse, Fête de la danse et ont photographié beaucoup de danseurs, et chorégraphes dans la diversité de leur art.
Nous rêvions tous d’une grande exposition photographique qui faute de moyens ne se concrétisait pas.

Pour la 13e édition de notre manifestation, nous avons décidé qu’il était temps de passer outre les obstacles et nos « envies de grandeur » et de commencer par vous offrir le regard que posent deux de ces photographes sur les corps dansants et leurs expressions lors de l’exposition « Danse ta vie ! ». 

Nous accueillerons pour cette première exposition, du samedi 21 mai au vendredi 3 juin 2016, les photographes Frédérique Calloch et Duc Truong.

Duc Truong



Frédérique Calloch











Valérie Gros-Dubois : « Vous êtes tous deux des fidèles de l’événement Entrez dans la danse, Fête de la danse et nous avons quelques questions à vous poser pour que nos publics puissent mieux vous connaître.

-     D’où vous vient votre attrait pour la photographie de danse et à quelles occasions avez-vous été amenés à photographier la danse ? »

Frédérique Calloch : « J’ai pratiqué la danse dès l’âge de 5 ans jusqu’à mes 40 ans environ. D’abord le classique, puis l’ajout du Modern’jazz, puis plus tard, les danses de couple, tango argentin, salsa et toutes les danses latines et standards, c’était devenu un tel échappatoire que je dansais près de 15 à 20 heures par semaine. La photo, mon 2ème poumon, a démarré tôt également, j’empruntais l’appareil de mon père d’abord, puis à 14 ans j’ai eu mon premier argentique un Olympus OM10 équipé d’un 50 mm ouverture 1,8, que j’ai toujours. Je passais de nombreuses heures assise à la bibliothèque à regarder, les livres de photographes connus et mon œil était émerveillé par ces arrêts sur image, témoins d’un autre temps, mémoire d’instant.

Quand j’ai arrêté de danser, il m’a semblé tout naturel et presque vital de continuer à danser en photographiant les autres. Je vis  leur danse, je suis dans leur musique, dans leur mouvement et il me semble même m’introduire, à leur insu dans leur chorégraphie. J’ai pu quelques années photographier des compétitions de danse sportive, des shows à Bercy, des concours de danse classique et moderne par le biais de la fédération française de danse, j’ai rencontré des troupes, des danseurs, par ce biais, mais également en photographiant des évènements « artistes de rue » comme Entrez dans la Danse, fête de la danse, je fais également parfois des shooting de danseuse, en fait tout ce qui se présente désormais à moi pour maintenir ce lien… »

Duc Truong : « J’allais, il y a bien longtemps, voir des spectacles dans des salles comme au Théâtre de la Ville …  (Pina Bausch, Sankai Juku, Carolyn Carlson, Ea Sola …), mais généralement, on ne peut pas y photographier ... Je peux dire que j’ai « découvert » la photographie de danse, grâce au festival (en plein air)  Entrez dans la danse, Fête de la danse en 2008 auquel j’assistais pour la première fois. J’avais apprécié (et je continue) le fait de pouvoir photographier librement les artistes, de pouvoir me déplacer à peu près librement, mais aussi, la participation active du public à certains moments. Parallèlement à cela, j’ai aussi commencé à prendre beaucoup de photos de spectacles culturels asiatiques en salle sur Paris. »

-   Valérie Gros-Dubois : « Comment définissez-vous la photo de danse qui cristallise le mouvement ? »

Frédérique Calloch : « C’est très intense, et cela demande énormément de concentration. Personnellement je ne photographie jamais en rafale, je suis donc les danseurs dans leur danse avec mon objectif, pendant toute la chorégraphie, afin de saisir l’instant magique, esthétique, les moments qui mettent en valeur, et les danseurs et la danse. Je suis de plus très rigoureuse quant au cadrage, la composition… une photo se compose pour moi comme un tableau en peinture, le fond doit servir le sujet principal, les éléments qui perturbent l’œil doivent dans la mesure du possible être évités.
Quand je photographie, j’ai la sensation extrême d’envelopper mon sujet d’un cocon d’admiration et je tente de ne faire qu’un avec lui… »

Duc Truong
Duc Truong : « La photo de danse fige une image par nature mouvante. Ce qui m’intéresse ce n’est pas de figer obligatoirement le geste (techniquement ou esthétiquement) parfait du danseur, mais, de photographier le petit moment de relâchement ou d’immobilité relative du danseur en fin de course de son geste, une expression du corps ou du visage fugitive et non totalement contrôlée, et, par cela, créer une vraie émotion …»

Frédérique Calloch

-    Valérie Gros-Dubois : « Quelles en sont les spécificités en intérieur, en extérieur ? »

Frédérique Calloch : « Notre grand allié, ou pas, que ce soit en intérieur ou en extérieur, est la lumière. Dans un cas comme dans l’autre nous n’avons aucun pouvoir sur elle, nous devons nous adapter. En intérieur, cela va dépendre, de la personne responsable du son et lumières, mais aussi du chorégraphe, qui adapte le niveau de lumière à l’œil du spectateur, et l’œil, ce n’est pas l’objectif d’un appareil…Avec un appareil qui monte en ISO (numérique) et un objectif à grande ouverture, la tâche est plus facile mais reste compliquée. Il y a les changements de lumière passant du sombre au plus clair. C’est un challenge à chaque fois. C’est pour cela que je préfère dans la mesure du possible assister au filage, afin de connaitre un peu les chorégraphies, mais aussi afin de ne pas découvrir la lumière au dernier moment. Mais ce n’est pas toujours possible.
En extérieur, c’est le soleil, l’heure, l’emplacement, le contre-jour et c’est pareil, on ne peut pas imposer nos horaires aux spectacles, alors on s’adapte. La photo racontera aussi la météo, elle fait partie du spectacle (sourire). »

Duc Truong : « En intérieur, les lumières sont difficiles à gérer pour le photographe, sa place fixe, généralement assise réduit la liberté de champ visuel. Etre discret n’est pas simple excepté si on a un boitier totalement silencieux. Il y a quelques années, à cause du bruit numérique à hauts ISO, je ne photographiais qu’avec des objectifs très lumineux et sur des instants où le mouvement était à peu près figé. Les dernières générations d’appareils ont fait beaucoup de progrès et rendent la vie plus facile pour le photographe de spectacles vivants en salle de spectacle.
En extérieur, Il faut aussi apprendre à évoluer sans déranger le public et les interprètes quand on se déplace, savoir composer avec l’arrière-plan (que ce soit le public, un bout de mur en béton, des immeubles …), mais, il y a moins de contraintes techniques pour moi. »

-      
Valérie Gros-Dubois : « Beaucoup sont pessimistes sur l’avenir de la photo de danse alors qu’elle est nécessaire à la mémoire de la Danse elle-même et à son histoire, quel est votre sentiment et quelles sont vos perspectives ? »
Frédérique Calloch : « Je crains que ce ne soit pas seulement la photo de danse, mais la photo en général. Avec la vulgarisation du numérique, l’accès à des appareils performants par tout un chacun, tout le monde se considère apte à la photo et aujourd’hui plus que jamais la photo doit se battre pour prouver qu’elle est un art. La photographie est en pleine évolution, avec les logiciels de retouche entre autres, alors il va falloir un peu de temps, pour que l’œil, redéfinisse ce que sera la photo de demain…
Mais il est certain que la photographie a une grande place dans la mémoire collective, elle ne peut être supplantée par la vidéo, qui n’a absolument rien à voir. La photo personnellement véhicule de l’émotion, ce que ne fait pas de la vidéo pure.
Mais l’émotion n’est-elle pas propre à chacun ? En fonction de sa sensibilité ?
Le problème d’être photographe, c’est qu’il faudrait aussi être commercial, et pour moi c’est incompatible, je ne sais ni m’imposer, ni me vendre. Beaucoup de mes photos sont visibles de ci de là et je me dis que si ma photographie intéresse alors on viendra me le dire et me chercher, sinon c’est qu’elle ne plait pas…Mes perspectives sont donc, un jour le jour, très incertain… »

Duc Truong : « Je constate qu’il y a très peu de photographes vraiment spécialisés dans la  danse, ils couvrent essentiellement des compagnies plutôt reconnues se produisant dans des grandes salles… Pour moi, il est important de montrer également des compagnies moins connues professionnelles ou semi-pro voire amateurs qui se produisent dans des festivals en extérieur comme Entrez Dans La Danse, Fête de la danse et qui se réapproprient l’espace urbain de la ville ou un parc pour se produire. C’est aussi cela documenter la danse d’aujourd'hui et sa diversité pour la faire connaitre à un public qui n’irait peut être pas dans une grande salle pour en voir. Comme tendances, je vois de plus en plus d’anciens danseurs qui se mettent (avec succès) à la photo de danse, leur expérience et sensibilité de danseur facilitant grandement la prise de vue au « bon moment »  et je constate également la progression du format vidéo comme support de création et d’expression de la danse dans une forme un peu renouvelée par rapport à ce qui se faisait, il y a plusieurs années   : voir par exemple sur https://vimeo.com/channels/lecorpsdelaville, www.alabriqueterie.com/fr/les-plateaux/web-tv-le-quotidien-des-plateaux.html, www.uneminutededanseparjour.com, www.allwecando.net …, les vidéos sur www.numeridanse.tv  étant pour la plupart plus « classiques ».

Interview recueillie par Valérie Gros-Dubois

Sites Web des deux artistes photographes
Frédérique Calloch, artiste photographe : http://www.frederique-calloch.book.fr
Page Facebook sur la danse : Danse Passion. Frédérique C.Photographies

Duc Truong, photographe de spectacles vivants et de reportage : DucT.crevado.com

Informations pratiques :
Dates  de l’exposition : du samedi 21 mai au vendredi 3 juin 2016
Vernissage : le mardi 24 mai de 19h00 à 21h00
Lieu : Maison des Associations du 12e arrondissement – 181, avenue Daumesnil – 75012 Paris.

Horaires d'ouvertures : Mardi - jeudi : 10h-13h et 14h-19h Vendredi : 14h-19h Samedi : 10h-18h

Métro
    M° Dugommier, ligne 6 ou Daumesnil, ligne 8
Velib'
  • Station N° 12036, 116 rue de reuilly
  • Station N° 12029, face 4 boulevard de reuilly
  • Station N° 12028, 42 allee vivaldi
Exposition organisée par Mouvance d’Arts dans le cadre de la 13e édition d’Entrez dans la danse, Fête de la danse ; soutenue par la Maison des Associations du 12e arrondissement et par la Mairie du 12e arrondissement.

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