Entrez dans la danse,
Voyez comme on danse,
Sautez, Dansez, Embrassez qui vous voudrez !!!
Interview 10 : Laurence Bertagnol et Jean-Christophe Bleton
de la compagnie Les Orpailleurs
de la compagnie Les Orpailleurs
programmé dans le cadre de la 13e édition
d'Entrez dans la danse, Fête de la danse
le dimanche 5 juin 2016, Paris 12.
1/ Qu’est-ce qui vous a amené au métier de danseur et de chorégraphe ?
Laurence
Bertagnol :
C’est
l’histoire familiale qui m’a projetée vers la danse. Ma tante Monique
Bertagnol, professeur à l’Opéra de Paris, organisait des spectacles chaque été,
au « stade » de plage qu’avait créé mon grand-père à Berck Plage.
Enfant, j’y ai donc participé et pris goût au spectacle ainsi qu’au plaisir que
ces événements procuraient au public. Attirée par la richesse et la variété des
possibles qu’offrait la danse contemporaine, je me suis orientée vers celle-ci
me formant auprès de Françoise et Dominique Dupuy, Jacqueline Robinson et José
Montalvo. D’abord danseuse,
j’ai écris très rapidement des petites formes en parallèle. La chorégraphie est
devenue une nécessité pour aller plus loin dans l’expression de mes émotions,
sensations et idées qui ne pouvaient prendre corps autrement qu’à travers le
mouvement. Le centre chorégraphique national de Bourgogne à Nevers sous la
direction d’Anne-Marie Reynaud, dans lequel je dansais à l’époque, et la ville
de Nevers m’ont aidée à créer ma compagnie, en 1991. La création m’a conduite à
questionner l’humain, ses comportements, envisager le monde de demain ainsi
qu’à expérimenter de nouveaux chemins notamment en tissant des liens entre la
danse et la méthode Feldenkrais.
Jean-Christophe
Bleton :
Après
deux années de pratique amateur en danse classique et une adolescence très
sportive, à travers l’athlétisme et la compétition, je me suis rendu compte de
mon attirance pour un travail du corps plus sensible et expressif que
compétitif. Et c’est lors d’un spectacle de Nederlands Dance Theater, j’avais
entre quinze et seize ans, que j’ai eu un vrai choc artistique et qu’est né
chez moi le désir intense de devenir danseur. Parallèlement, au lycée, existait
un atelier spectacle, dans lequel se mélangeaient diverses pratiques. Dans ce cadre
là, je me suis assez vite « spécialisé » sur l’organisation et la
conception de parties mouvements qui s’effectuaient en musique. On était déjà
très proche d’un travail de chorégraphe. C’est seulement après mon bac que
démarrera une démarche de professionnalisation avec Karin Waehner puis Carolyn
Carlson. Je suis devenu danseur professionnel dans les Ballets Contemporains de
K.Waehner puis au sein du Four Solaire et quelques années plus tard j’ai
commencé au sein d’un collectif un travail de chorégraphie qui ne s’est plus
interrompu.
2/ Avec cette chorégraphie, que souhaitez-vous transmettre au public ?
C’est
un travail qui part d’une œuvre musicale complexe, City Life de Steve Reich.
Non séductrice, elle parle du monde sonore et des questions de l’humain dans la
ville de New York, mais que l’on peut transposer dans toutes les grandes
villes.
Nous voulons parler de la place de chacun dans la cité, petits et
grands, danseurs ou pas. Dans ce travail, comme pour une bonne partie de ce que
nous créons ensemble, nous essayons de montrer des corps dansants, sans
sélectionner des corps performants, « esthétiquement orientés », et défendre l’idée que des personnes
« ordinaires » peuvent être portées par la poésie de la danse et
devenir autre.
3/ Pourquoi participer à cette Fête de la danse ? C’est un défi, non ?
La
première envie est de partager, de donner à voir une idée de la danse.
Participer à une fête collective au service de la danse, de toutes les danses.
Renforcer par notre présence la conviction commune que l’art de la danse peut
jouer un rôle positif, humaniste, dans nos sociétés troublées qui s’éloignent
de la culture.
Pour
City Charivari, la chorégraphie proposée cette année, c’est un défi dans la
mesure où cette pièce a une exigence d’écoute et dans les jardins de Bercy, celle-ci est plutôt dispersée. On espère attirer par la danse les passants et
leur faire découvrir d’une manière vivante et émotionnelle cette musique.
Laisser des images, des sons, des ambiances, des questions sur ce qui nous
relie tous, et peut-être rêver d’une ville autre, d’un futur prometteur.
4/ Quelles sont vos perspectives et/ou vos événements à venir ?
Nous
souhaitons continuer ce travail de créations intergénérationnelles, où la danse
des amateurs et celle des professionnels se frottent, fraternisent. Les
faiblesses et l’excellence de chacun questionnent celles des autres.
Nous
pouvons avec ces trois années d’expériences, dire que ces pièces
chorégraphiques touchent grands et petits. Elles perturbent même le regard de
certains critiques de danse qui apprécient ces pièces, l’expriment, mais
n’arrivent pas à écrire car elles sont inclassables, encore actuellement.
Nous
continuerons à créer des spectacles avec des artistes professionnels et avec
des amateurs et pour certains d’entre eux en croisant ces populations pour un
enrichissement mutuel.
Programmation :
Parc de Bercy, Pelouse de la Maison du Lac, Paris 12 : 15h25-15h55 et 18h25-18h55
Interview recueillie par Valérie Gros-Dubois
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